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Souriez, vous n’êtes plus filmés !

Goupillé par des députés LREM et le groupe Agir ensemble et dégoupillé par le Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, l’article 24 du projet de loi de sécurité globale fait bondir les journalistes et les défenseurs de la liberté d’informer. EPiK vous explique en quoi cet article est épidermique et liberticide.

Voté en 1ère instance par l’Assemblée en novembre, l’article 24 du projet de loi sur la sécurité globale est au cœur de la polémique. Cette mesure interdisant de filmer et diffuser les images des forces de l’ordre dans le cadre de leurs interventions est un véritable danger pour l’information.

De vives contestations se dressent de la part des journalistes, de la classe politique dont certains députés LREM, ainsi que de nombreux pays qui s’inquiètent de ces dérives autoritaires. À défaut d’apaiser les tensions économiques et sociales toujours plus fortes, ce gouvernement ne cache même plus sa volonté de tout contrôler.

Sous couvert de protéger les policiers d’éventuelles représailles envers leurs personnes ou leurs familles, cette mesure cherche à camoufler les dérives de certains policiers trop zélés, à faire respecter l’ordre et l’autorité, très en vogue chez ce gouvernement.

Cependant, la vidéo de l’agression du producteur de musique Michel Zecler en novembre dernier par 3 policiers dont un en civil, risque de mettre à mal les dispositions de cette loi.

Parce qu’il ne portait pas de masque dans la rue, les fonctionnaires de police se sont introduits illégalement dans l’entrée de son studio, l’ont roué de coups pendant plusieurs minutes, tout en lui proférant des injures racistes, selon la victime. Des jeunes qui enregistraient en studio au même moment, sont parvenus à repousser les policiers hors du studio. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les policiers fous de rage, somment Michel Zecler et les jeunes à sortir du studio et balancent une grenade lacrymogène. Les retranchés s’exécutent et se jettent dans la gueule des loups. Une nouvelle fois, 6 fonctionnaires plaquent le producteur au sol, pendant que le même policier en civil lui assène plusieurs coups de poing au visage. Sans les images vidéos, Michel Zecler serait sans doute passé en comparution immédiate à la lecture des procès-verbaux rédigés par ses agresseurs déclarant avoir été victimes de plusieurs coups et de rébellion.

Cette vidéo justifie l’importance d’avoir des preuves visuelles pour que seule la vérité subsiste. Il n’est pas question de faire l’amalgame entre tous les représentants de l’ordre qui, dans leur grande majorité, font un travail remarquable. Cependant, comme dans tout corps de métier, une petite minorité salit l’uniforme de la police et détruit la confiance des français. L’Inspection Générale de la Police Nationale, chargée de mener les enquêtes, est bien souvent montrée du doigt pour son manque d’impartialité et les sanctions jugées trop clémentes au regard des conséquences physiques et psychologiques dont souffrent les victimes. Sans images probantes, c’est la parole des représentants de l’ordre contre celle du citoyen qui fait foi.

Avec cet article 24, il n’y aurait pas eu d’affaire Benalla, de vérité sur Cédric Chouviat décédé après avoir eu le larynx fracturé par 4 fonctionnaires de police suite à un banal contrôle routier rappelant le tragique décès de Georges Floyd aux États-Unis.

Désormais, les journalistes devront demander au préalable une autorisation à la Préfecture pour couvrir une manifestation et se tenir derrière le cordon de CRS. Une stratégie de l’exécutif pour contrôler et encadrer la Presse dans son rôle de contre-pouvoir définie dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la Presse.

Avec cet article 24, il n’y aurait pas eu d’affaire Benalla, de vérité sur Cédric Chouviat décédé après avoir eu le larynx fracturé par 4 fonctionnaires de police suite à un banal contrôle routier rappelant le tragique décès de Georges Floyd aux États-Unis.

Désormais, les journalistes devront demander au préalable une autorisation à la Préfecture pour couvrir une manifestation et se tenir derrière le cordon de CRS. Une stratégie de l’exécutif pour contrôler et encadrer la Presse dans son rôle de contre-pouvoir définie dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la Presse.

Comment, devant l’évidence, le Ministre Darmanin peut-il encore décemment justifier ce liberticide article 24 ? Ou la violente dispersion des migrants place de la République, les coups portés par le même policier sur le journaliste Rémy Buisine de Brut ? Et cerise sur le gâteau, l’attitude du commissaire divisionnaire de la BAC93N coupable d’un croche-pied aussi sadique qu’inutile sur un migrant ? Seules les images auront permis de mettre en lumière des faits qui, sans cela, seraient passés inaperçus.

Dans ce contexte explosif, le pays a besoin d’espoir et d’apaisement quand le ministre de l’intérieur continue de jeter de l’huile sur le feu. Dans les mois qui viennent, cette loi sera certainement modifiée, mais le simple fait de l’avoir proposée suffit à constater que la France glisse doucement vers un État autoritaire.

Restons vigilants et défendons les valeurs de la France, pays des Droits de l’Homme et du citoyen. Si nous gardons le silence, la vieille Dame n’aura bientôt plus de morale à faire à la Chine et à la Corée du Nord…

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