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Les joies du masque en classe !

Rassurant pour les uns, oppressant pour les autres, force est de constater que le port du masque dès 6 ans est devenu un sujet clivant…

Indispensable pour les écoles, très à cheval sur le respect du protocole sanitaire et du respect des mesures barrières, il apparaît comme LE moyen de maintenir les classes ouvertes : « Tout sauf une nouvelle fermeture ! » s’exclame cette directrice d’une école chartraine, les larmes aux yeux, inquiète à l’idée d’un nouveau confinement…

Alors qu’importe si ça chatouille ou si ça gratte, nos petits franchissent le portail désormais muselés. Une pilule d’autant plus dure à avaler pour les parents que cette mesure s’inscrit dans la longue liste des contradictions de cette gestion de crise épidémique décidément chaotique. Perplexes, ils ne savent plus à quoi s’en tenir alors que peu de temps auparavant, il était déconseillé en école élémentaire. De plus, pour certains parents, la quête du masque « propre » et « à la bonne taille » est une injonction supplémentaire dans la course contre la montre du matin dont ils se seraient bien passés. Pour d’autres, s’ajoute la désagréable impression d’imposer des mesures disproportionnées à des tout-petits, confirmée par cette tribune signée dans Libé par des psychologues, psychanalystes et pédopsychiatres.

Des avis divergents

Ces professionnels mettent en garde : l’enfant de six ans « n’a pas encore atteint la maturité cérébrale nécessaire pour penser de manière abstraite. Il navigue encore entre un imaginaire puissant, et une réflexion capable de prendre en compte la réalité. Inhiber des comportements impulsifs reste encore complexe, bien que les règles sociales soient en voie d’acceptation. Les besoins d’expression d’un enfant de six ans, encore considéré comme jeune enfant, sont multiples : sur le plan affectif, langagier, émotionnel, corporel. Toute entrave à cette communication spontanée, naturelle et nécessaire, si elle n’est pas porteuse de sens, est susceptible de laisser des traces à long terme. » Un constat que partage Stéphanie. Sa petite Emilie vient de rentrer en CP dans une école chartraine. Remarquant que le masque la gênait, Stéphanie choisit de découdre une des deux épaisseurs du tissu pour le rendre plus léger à porter sur ce petit visage frêle. Las, la directrice le remarque et convoque la mère pour la sermonner dans son bureau. Mais il n’y a pas que les parents qui se font redresser les bretelles. Nombre d’élèves font l’objet de remarques si le sacro-saint morceau de tissu venait à laisser dépasser leur tout petit bout du nez. « Les animateurs de l’études du soir crient sur eux dès qu’ils baissent un peu le masque. Je crois que ça crée plus de tensions qu’autre chose. » regrette Noémie, maman d’Arthur en CE2.

Une situation d’autant plus burlesque que pour être protocolaire, le masque ne devrait pas être touché, or, les petits ne font que le remonter ou le manipuler. Par ailleurs, comment faire pour que les élèves « voient son visage, ses expressions, qu’ils entendent bien ? » s’interroge Mélanie*, maîtresse en CM1. Pour y remédier, ses collègues ont bien tenté d’enseigner avec un masque transparent, mais in fine, cela s’avère totalement inutile car la buée apparaît immédiatement ! Sur France Info, Yves Buisson, un épidémiologiste, invitait les parents à expliquer à leurs enfants « qu’il ne s’agit pas d’une contrainte, mais d’un jeu pour lequel tout le monde doit jouer collectif pour l’emporter. » Reste à savoir si ce nouveau jeu amusera longtemps nos bambins, leurs parents et leurs enseignants et surtout s’ils parviendront à travailler efficacement… Quant à leurs petites mains irritées par les innombrables lavages au gel hydroalcoolique, on en parle ?

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