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La logothérapie : Du sens sinon rien

Au cœur de notre époque choquée par des circonstances exceptionnelles, on perçoit parfois les valeurs profondes et les bonheurs simples comme disparaissant petit à petit de toute action, provoquant ainsi une perte de sens. Ce qui implique pour certains un effondrement des repères et un grand vide intérieur. La logothérapie, terme tiré du grec « logos » qui veut dire esprit, signification, raison, est une approche qui fait référence au « sens », à la « signification » : quelque chose que l’être humain cherche toujours face aux humeurs du destin. Ainsi, logothérapie signifie « la thérapie par le sens ». Contrairement à de nombreuses thérapies, cette approche n’est pas tournée vers le passé pour expliquer et comprendre d’éventuels traumatismes, mais plutôt vers le futur, en invitant le patient à rechercher le sens de sa vie. Epik vous donne les clefs et de cette stimulation pleine d’effervé-sens !

La logothérapie est la troisième école viennoise de thérapie, créée au début du 20e siècle, en parallèle de la psychanalyse de Sigmund Freud et de la psychologie individuelle d’Alfred Adler. Le fondateur de la logothérapie Viktor Frankl utilise l’approche holistique d’un individu (c’est à dire dans sa globalité, pas uniquement psychologique ou physique) pour lui faire prendre conscience du sens de sa vie.

La logothérapie diffère de la psychanalyse sur l’étude des causes forcément sexuelles des névroses et sur le problème de la religion. En effet, comme le rapporte Wikipedia, « Frankl dénonce l’esprit de croisade contre les croyances en considérant que la névrose individuelle pourrait être l’expression d’une religion refusée. La logothérapie postule que tout être humain est doté d’une motivation primaire qui l’oriente vers le sens de sa vie. » Donc, le thérapeute n’est pas sollicité pour indiquer la direction au patient mais pour l’aider à reconnaître les valeurs qui l’attirent et à réaliser les meilleures possibilités inscrites dans sa situation concrète. Ainsi, il estime qu’une des principales causes de névrose est la perte de sens. Selon lui : « lorsqu’on trouve un sens aux événements de sa vie, la souffrance diminue et la santé mentale s’améliore ». Vous comprenez mieux pourquoi avec des décisions vides de sens pour beaucoup, Olivier Véran, notre Ministre la Santé à l’heure où ces lignes sont écrites, déplore la dégradation de la santé mentale de nos compatriotes !

De la recherche de sens dans les camps de la mort

Tiens, tiens, l’analogie n’est pas très gaie et sans commune mesure avec l’holocauste, mais notre enfermement, la soumission à des règles qui nous semblent pour partie absurdes et les sanctions inhérentes au non respect de ces dernières font inévitablement penser à la dureté de quelque univers carcéral. Frankl fait partie des rares survivants des camps de la mort nazis de la seconde guerre mondiale. Même si c’est très jeune qu’il se passionne pour la psychologie, c’est à travers son expérience infernale qu’il va développer une approche psychothérapeutique qu’il a nommée la logothérapie. Dès l’âge de quinze ans, le jeune homme correspond avec le « patron », Sigmund Freud. Il donnera d’ailleurs sa première conférence sur le thème : « À propos du sens de la vie » en 1921. 20 ans de recherches après, en 1942, sa famille et lui-même sont déportés dans le camp de concentration de Theresienstadt. En 1944 il est envoyé seul à Auschwitz. C’est lors de son internement dans les camps de la mort qu’il va observer précisément comment le sens qu’une personne donne à sa vie lui permet de traverser les épreuves les plus difficiles et de survivre malgré tout. Il observe par exemple avec étonnement que les plus robustes, qui étaient le plus dans l’action, étaient les premiers à mourir, tandis que ceux qui paraissaient les plus faibles résistaient beaucoup plus longtemps… Il en déduit que « face à l’absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l’espoir et questionner le sens. » On n’est pas très loin de Nietzsche pour qui « Celui qui a une raison de vivre peut presque tout supporter. » Ses parents ont trouvé la mort dans les camps, alors que son épouse est morte au camp de Bergen-Belsen. Il ne l’apprendra qu’après sa libération, survenue le 27 avril 1945. C’est ainsi la vie dans les conditions inhumaines des camps de concentration qui l’a poussé vers sa théorie du sens de la vie. En observant ses compagnons d’infortune dans les camps de concentration, Viktor Frankl a observé trois dimensions principales à travers lesquelles l’Humain (donc toi aussi, lecteur Epikourien) peut donner du sens à sa vie.

À travers une œuvre ou un objectif :

Le désir d’atteindre des objectifs à court, moyen et à long terme est garant de sens et de motivation. Les nazis avaient confisqué et détruit un important manuscrit que Frankl avait rédigé, et en se donnant l’objectif de terminer cette œuvre, il a donné du sens à sa vie et nourri son courage face à l’adversité.

À travers les relations :

Les relations que nous entretenons avec les autres sont source de sens et de bonheur. Plusieurs prisonniers des camps rêvaient de revoir leur épouse et leurs enfants, et cette idée nourrissait leur désir de vivre malgré les conditions atroces dans lesquelles ils se trouvaient.

À travers une vision « transcendante » :

Les personnes qui possèdent une vision qui transcende leur existence profitent d’une vie remplie de sens. Les différentes religions fournissent ce genre de sens pour un grand nombre de personnes, mais une vision importante, comme survivre à l’holocauste pour éviter que des tels événements se reproduisent, joue le même rôle.

Face à nos responsabilités

La pensée développée par Frankl tend à montrer que malgré des conditions existentielles très difficiles où tout semble négativement déterminé, il nous reste encore des choix pour orienter notre comportement, pour conserver notre dignité personnelle et pour reconquérir notre équilibre intérieur. Voilà ce qu’il constate dans les camps : “ On peut tout enlever à une personne, excepté une chose, la dernière des libertés humaines : celle de décider de sa conduite. “ Cet aspect du sens à donner à notre vie est en réalité un questionnement universel, inhérent à notre condition humaine. Il touche tous les individus à un moment ou à un autre, mais il atteint son point culminant au moment des épreuves, dans les circonstances douloureuses de notre existence. Il nous interroge alors et quelles que soient notre culture ou nos croyances, nous nous demandons : « Quel est le sens de notre vie ? » Et si les réponses à cette question vous laissent perplexes ou vous plongent au bord de l’abîme, il serait peut-être temps de penser à demain plutôt qu’à hier, sans oublier évidemment de faire face à cette crise en la saisissant comme porteuse d’opportunité(s).

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