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Firmin Didot : aux sources de la typo

Epik ne pouvait passer à côté d’un tel fleuron hexagonal. C’est simple : sans la maison Firmin Didot (à la fois imprimeurs, éditeurs, papetiers et créateurs de caractères typographiques), la presse magazine n’existerait probablement pas… Mise en lumière sur une entreprise pluriséculaire intimement liée à l’histoire de notre région.

Firmin Didot, ce n’est pas qu’un blason. C’est le sceau de l’excellence depuis plus de 300 ans. Dès les prémices à l’aube du 18e siècle, la firme parisienne s’est imposée comme l’une des lignées industrielles les plus prestigieuses du territoire.

LE SENS DE LA FAMILLE

On leur doit notamment les toutes premières impressions à grande échelle d’œuvres de Bossuet, La Fontaine, Voltaire, Corneille ou Molière. Comme carte de visite, on a vu pire. Plus récemment, la société a supervisé la publication française de Harry Potter et l’Enfant Maudit (dernier opus de la saga phare signée JK Rowling) dont 850 000 exemplaires virent le jour en 2016 sur les rotatives du site historique de Mesnil- sur-L’Estrée, non loin de Dreux. Mais on y reviendra.

Membre le plus illustre du clan Didot, Firmin est celui dont l’entreprise tire son nom. Et cette aura si pérenne. Petit-fils de François Didot (ami proche de l’Abbé Prévost dont il publia tous les ouvrages) et deuxième enfant de François-Ambroise Didot dit « l’aîné » (créateur du système du point typographique), l’homme se distingua d’abord comme graveur et fondeur avant de devenir imprimeur, éditeur et inventeur de police d’écriture. En grand amoureux des lettres, Firmin Didot n’eut de cesse de défendre les intérêts de la librairie et de la presse. Une passion du lettrage qu’il a su transmettre de génération en génération, scellant ainsi la destinée des métiers de l’impression à travers le monde.

DES SIGNES QUI NE TROMPENT PAS

Son grand œuvre : le point Didot. L’une des deux unités typographiques toujours en vogue au sein de l’édition, de la publicité et de la presse écrite. La confirmation d’un savoir-faire inaltérable mêlant l’exigence à une certaine idée du génie.

Le Didot, c’est quoi ? Un alphabet typographique dont chaque lettre est ornée d’un serif. À savoir une ligne ajoutée à chaque extrémité des caractères. En résulte un contraste assez saisissant entre les pleins et les déliés ; mélange d’épure et de raffinement.

Rien d’étonnant à ce que l’Imprimerie Royale ainsi que les éditeurs de Racine optent à l’époque pour cette typographie d’un genre nouveau. Elle fut tout bonnement révolutionnaire ! Mieux, sa renommée a traversé les âges et les tendances puisque le Point Didot demeure une référence absolue. Notamment dans le domaine de la mode et de ses satellites. La preuve : des marques de prêt-à-porter comme de grands titres de presse ne jurent que par lui. C’est le cas par exemple d’Armani, Vogue, Zara, Elle et Vanity Fair.

Une signature visuelle que l’on retrouve aussi sur certains logos de séries télévisées. À l’image de Modern Family. Ou Sex and the City dans un vernis plus chic illustrant le train de vie de la haute- bourgeoisie « made in NYC ».

POINTS D’ENCRAGE

Petite interrogation. Quel lien y-a-t-il entre Firmin Didot et notre région ?
Et bien figurez-vous que leurs usines s’y sont implantées dès 1811. Notamment sur trois sites en bordure de l’Eure : Saussay, Sorel et le Moussel. Les lieux renfermaient une papeterie, une fonderie de caractères ainsi qu’une librairie établie dans un ancien moulin.

Autant d’espaces reconvertis depuis en locaux d’activités pour les artisans et les PME. Quant au département voisin de l’Eure, il héberge (depuis 1824 à Mesnil-sur-L’Estrée) une autre papeterie devenue imprimerie. Sous la tutelle du groupe CPI, l’établissement entièrement modernisé est toujours en activité et tire en moyenne entre 5000 et 8000 livres à pleine cadence.

Cette localisation intelligente permit à Firmin Didot de devenir député d’Eure-et-Loir entre 1827 et 1836. Un legs qui perdure d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui. En digne héritier de la dynastie, Pierre Firmin-Didot (1921-2001) fut à la fois imprimeur et mécène voué corps et âme à la Cathédrale de Chartres. Il est notamment à l’origine de la campagne de restauration du grand orgue de 1964 à 1970. Tout comme il fut l’initiateur de l’association caritative « Chartres sanctuaire du monde » et le fondateur éclairé du Centre International du Vitrail.
Un ultime présent en guise de point final.

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