Libération
À l’heure où cet édito a été rédigé, plus de 33 millions de premières injections avaient déjà été administrées. Le sésame pour la liberté.
Comme des milliers de Français, mercredi 19 mai dernier, à 12h32, vous savouriez votre premier restaurant en terrasse, après une longue traversée du désert. Des retrouvailles. Et comme tout le monde, c’est sous un parasol balayé par la pluie que vous avez profité de votre plat du jour… Un moment sympa malgré tout, à côté duquel vous ne pouviez pas passer. Votre façon à vous de vivre l’histoire. La Libération.
Dans la même veine, et à peine quelques jours plus tard, vous êtes retourné au cinéma.
Plonger à nouveau dans cette salle obscure, un seau de pop-corn à la main, vous a submergé d’émotion au point de mouiller vos yeux avant le début de la projection.

Comme si tout cela n’avait été qu’un rêve…
Depuis leur réouverture, le 19 mai, les musées attirent chaque jour plus de visiteurs, souvent même un public nouveau.
Le 9 juin, les salles de sport et bassins retrouvaient leurs adeptes. Les boîtes de nuit, de leur côté, rouvriront le 9 juillet prochain, sous une forme différente, version « post-covid ». Quant aux salles de concerts et aux théâtres, ils continuent à peaufiner leur nouvelle saison pour une rentrée de septembre historique.
Pendant ces longs mois de silence, la culture ne s’est pas endormie. Elle a mué, s’est nourrie, pour une offre renouvelée. Le chaos culturel s’est ainsi fait le terreau d’une résistance activiste.
En Eure-et-Loir, sur fond de moissons, le tourisme repart de plus belle, les parcs sont à nouveau habités par les rires des enfants, un site d’accrobranche a tissé ses cordes en plein coeur de la ville de Chartres. Quant à l’ancien collège Jean Moulin, blotti dans son écrin aux pieds de la Cathédrale et voué à la démolition à l’automne, il aura fallu une pleine année de résidence d’artistes pour le dévoyer de son rôle originel. Le laboratoire d’un projet fou, conduit par l’association de street-art Vox Populi. À Dreux, on prépare déjà le bicentenaire du passage de Victor Hugo en terre drouaise, avec une proposition artistique hautement symbolique… De part et d’autres du département, les festivités estivales s’organisent.
Dans ce numéro 12 du magazine EPIK ou rien, et pour poursuivre notre Odyssée de l’Espèce, l’Homo Regressus continue donc sa mutation dans un décor kafkaïen. À la frustration née du manque de liberté succède l’attente du lendemain. À tâtons, chacun cherche de nouveaux repères aux contours encore imprécis, oscillant entre l’excès et une méfiance attentiste. L’expectative.
Il est pourtant l’heure de renouer avec les purs plaisirs Epikouriens. Ceux qui nous ont tant manqués… une Renaissance.
Un été pas comme les autres dont la rédaction vous souhaite de saisir toutes les douceurs.
Bel été à tous !