Depuis bientôt 15 ans, l’Agriculture a pu bénéficier des avantages d’une technologie enfin synonyme de progrès. Après les évolutions de la mécanisation depuis les années 50, l’utilisation de données fournies par les satellites a constitué une révolution dans le métier.
La végétation réfléchit la lumière du soleil de façon différente en fonction de son développement, c’est ce qu’on appelle la réflectance. Grâce à ce phénomène, les satellites, situés à 800 kilomètres d’altitude, permettent de suivre l’évolution des cultures et des parcelles. Lors de leurs passages réguliers, ils peuvent mesurer la biomasse (ensemble de la matière organique), et la teneur en chlorophylle des plantes. Les données collectées peuvent ensuite être complétées par des observations à plus basse altitude (avion à 7500 m) ou drone (150 m). Les images sont combinées à des données météo, des modèles agronomiques et des algorithmes. Ces informations permettent de fournir des cartes de préconisation en révélant les besoins en azote de la culture. Ainsi, en combinant l’imagerie satellite du signal lumineux et une analyse agronomique, l’agriculteur obtient des informations précises pour des mises en application réelles dans ses champs.
Grâce à cette technologie, les apports d’
* sont optimisés en adaptant les doses au juste besoin et selon le risque de certaines maladies. Pour l’azote, diffusé au bon endroit, au bon moment et à la juste dose, une économie est réalisée et on améliore également le taux de protéine des céréales, et donc leur valorisation.C’est au Nord du département, non loin de Brezolles, que la rédaction a rencontré Eric Deruel, 37 ans, entrepreneur agricole. Un moment passé dans un automoteur équipé des dernières technologies nous aura suffi pour comprendre les mises en pratique sur le terrain. Si cette évolution a changé la manière de travailler, le bon sens paysan reste toujours de mise.
L’azote joue un rôle essentiel dans la composition de la matière vivante. En effet, il est l’un des constituants majeurs des acides aminés et des protéines composant les ADN. Une plante carencée en azote aura une teneur moindre en chlorophylle qui donne la couleur verte aux plantes. C’est l’intensité de celle-ci qui est utilisée dans le diagnostic de nutrition azotée. Le rendement et la qualité des productions sont en partie déterminés par l’azote apporté. Le sol est un « réservoir » d’azote pour la plante : elle vient y puiser l’azote minéral et le transforme en protéines, composants essentiels de la vie humaine et animale.
Quelle étrange sensation de lâcher le volant et de confier la conduite d’un engin de plus de 12 tonnes à une antenne GPS. Du haut de la cabine, il est étonnant de constater la régularité des sillons de blés qui ont été semés à l’aide de la même technologie. Malgré une longueur de champ de plus de 500 mètres, tout est droit ! Un vrai confort visuel qui permet d’apprécier et de détecter plus facilement les zones problématiques : mauvaise levée de la culture, maladies, attaques d’insectes, de limaces…
Finis les yeux rivés sur le champ à rester concentré pour effectuer un travail rectiligne, ce gain de confort, qui limite la fatigue est inestimable. Grâce à la cartographie des satellites, les informations sont reportées sur une console qui gère la conduite ainsi que la bonne diffusion des produits phyto sanitaires et de l’engrais liquide sur l’ensemble ou juste une partie des rampes de diffusion, en fonction des besoins préconisés. Pour la période moisson, la conduite semi-autonome peut se ressentir sur la qualité du battage, en anticipant les zones versées par exemple. En étant parfaitement parallèles, les chantiers sont optimisés en termes d’aller-retours dans les champs. Un résultat qui satisfait entrepreneurs et clients.
Autre avantage de cette disponibilité, l’agriculteur d’aujourd’hui peut utiliser son smartphone dans la cabine quand il veut. Avec des prix de ventes de blé fluctuant de manière importante tout au long de la journée, il s’agit de prendre les bonnes décisions au bon moment, même au milieu du champ !
Un gain… sur le long terme
Concernant l’utilisation de la technologie des satellites, si l’efficacité est prouvée, elle est néanmoins à modérer car elle est difficile à mesurer tant les paramètres de culture sont nombreux : Qualité de la terre, travail du sol, météo des saisons, années à insectes, … De plus les données de base pour les calculs prennent en compte le nombre de pieds semés, et non levés. A court terme, l’économie d’engrais peut paraître peu importante. Il convient donc de raisonner sur plusieurs années et dans une perspective environnementale.

Comme tout l’ensemble du matériel agricole, les investissements de ce type d’équipement sont importants. Depuis quelques années, les agriculteurs doivent faire face à une nouvelle forme de délinquance rurale : le vol d’antenne et de consoles GPS dans les tracteurs. (Valeur entre 10 000 et 20 000 euros).