/
7 minutes de lecture

Art RURbain à Nogent Le Rotrou

Association au pire

Les graffeurs de Nogent ont longtemps travaillé « dans l’ombre », privilégiant les lieux abandonnés et les forêts. Pour cette bande de copains, citadins d’origine et installés dorénavant dans le Perche, la fracture culturelle a été importante car la notion de graff était inexistante. Mais la passion a permis de ne pas désamorcer les bombes et le succès remporté par leur premier festival de Live Painting « Jam Graffiti » a constitué un véritable tremplin pour l’avenir de l’art « Rurbain ».

Rencontre avec Pan Pan, Président de l’association Au Pire

Invité il y a trois ans au Perche Bike Show, l’artiste graffeur Pan Pan a été sollicité pour peindre des capots à customiser. Un événement qui s’est déroulé dans le centre-ville de Nogent Le Rotrou, dans les locaux de l’espace de coworking So work, disposant de plusieurs hangars. « Il y avait beaucoup de murs de parpaings dans ce lieu et l’idée d’exploiter ce potentiel pour le graff a rapidement germé dans mon esprit »

Une telle surface est en effet un réel attrait pour le street art car les murs sont la surface de base de cet art urbain, à l’opposé de l’alternative « bâche » que l’on peut retrouver parfois, faute de place disponible. Rapidement, il a pu soumettre l’idée à Nicolas Caudmont, propriétaire des lieux et… amateur de ce style d’expression ! Une rencontre et une chance qui vont forcer le destin ! Ce dernier a adhéré immédiatement à l’idée et repéré le potentiel du projet tout en étant force de proposition.

Afin de mener à bien cette initiative, la création d’une association était indispensable. Au pire était né, avec pour objectif de promouvoir l’art urbain ou plutôt l’art « rurbain » dans le Perche. L’événement sous forme de « Live Painting » et appelé « Jam graffiti » sera une première.

« Peindre devant un public et de manière officielle ».

Si le projet a connu une belle adhésion au départ, il a néanmoins fallu lever les réticences, pour la plupart faites d’images et de préjugés de délinquance sur l’art urbain. « Nous avons dû rassurer, expliquer la démarche afin de lever les doutes. »

Le nouveau maire de la ville, Harold Huwart et les commerces de Nogent ont apporté une belle contribution logistique, matérielle et financière à l’événement. Ainsi la municipalité a mis à disposition le mobilier nécessaire, le supermarché de proximité Coccinelle a offert le repas à 60 personnes ainsi qu’un don financier, LOXAM a loué les nacelles à un tarif préférentiel, Réca Peinture a fourni la sous-couche pour recouvrir les murs, Réseau Pro les panneaux en bois et la société SAP Santé a apporté un don de trésorerie.

Au pire a pu compter sur les conseils de l’association chartraine Vox Populi, organisatrice de Boulevard du Graff, dont l’un des membres fait également partie de l’association nogentaise.

Le succès a été au rendez-vous. Les 26 et 27 Septembre, 40 artistes ont peint 600 m2 de murs et l’événement a permis à plus de 1500 personnes de découvrir l’art (r)urbain avec des artistes comme Freaks the Fab (Street art cartoonesque et créateur de la couverture du numéro 9 d’Epik), Rire fish (Pop-Art), Philippe Baudelocque (Style très graphique) ou encore Macadam Monkey (lignes graphiques anguleuses représentant des femmes).

Une réussite dont les retours positifs ont été suivis par différentes propositions.

Pour la prochaine édition qui aura lieu les 11 et 12 septembre 2021, Au pire s’associera avec deux autres associations : ARC (Asso Riders du Coin) pour le skate et The Underground pour le breakdance. La notion pédagogique est importante pour l’équipe et 3 pôles respectifs d’initiation seront créés afin de faire partager au plus jeunes ces disciplines urbaines et complémentaires dans leur culture. À noter qu’au printemps, un projet avec les écoles sera mis en place le mercredi après-midi.

Si le milieu du graff est plutôt masculin, l’association tient à la parité et en fait un réel objectif pour cette année en invitant quarante artistes : vingt hommes et …vingt femmes.

En parallèle, un projet de customiser et mettre en scène le cheval percheron est en réflexion. L’idée est de le représenter à partir de panneaux de bois découpés qui seront peints par différents artistes afin de les exposer sur des ronds-points ou dans les mairies. Ce symbole représentant la région est fort et rassembleur, une manière intergénérationnelle de mélanger le terroir et l’urbain.

Latest from Blog

Édito N°17

WE ART ! La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. Elle est individuelle,

Stéphane Bern

Stéphane Bern, 58 ans, est animateur de radio et de télévision, écrivain et acteur. Un CV

Édito N°16

Made with love Depuis la nuit des temps, l’homme créé de ses mains.Et c’est la définition

Édito N°15

Pour que notre patrimoine vert dure… Avril. Partout dans notre département, la végétation se réinstalle, investit

Patrimoine & propriété

Parmi les différents types de patrimoine, mobilier, financier, historique, culturel, architectural, ou naturel, l’immobilier tient une